La césarienne, une autre façon de mettre un enfant au monde
Les belles, mais également parfois exténuantes, semaines d’aménorrhée se clôturent par la naissance du bébé. Cet évènement inspire de nombreux sentiments contradictoires aux futures mamans. Bien entendu, elles souhaitent que l’accouchement se déroule au mieux. Elles espèrent que tout se passera bien et pouvoir serrer leur bébé dans leurs bras un sourire béat accroché aux lèvres. Toutefois, pour des raisons médicales avant ou pendant l’accouchement, il est parfois nécessaire de procéder à une césarienne.
La césarienne en Suisse
Césarienne planifiée ou d’urgence
Contexte historique
Accouchement par césarienne ou voie basse ?
Se préparer à une césarienne
Marche à suivre après une césarienne
Préparer sa valise pour une césarienne
Déroulement et durée d’une césarienne
Votre vie de jeune maman
Questions essentielles concernant la césarienne
La césarienne en Suisse
À l’heure actuelle, le nombre de naissances par césarienne en Suisse s’élève à 32,8 % (Obsan, 2021) et la tendance est à la hausse. Un nombre plus élevé de mamans accouchent par césarienne qu’il y a 10 ans. Toutefois, de telles statistiques prouvent également que les mamans qui font l’expérience d’une césarienne ne constituent pas un cas isolé et qu’il est possible et nécessaire d’en parler.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’efforce de réduire le nombre de césariennes, de promouvoir des méthodes douces pour ce type d’accouchement et de soutenir au mieux les mamans après une césarienne. Selon l’OMS, 10 à 15 % des naissances par césarienne sont médicalement justifiées.
Une césarienne de convenance, qui simplifie l’accouchement pour la future maman, n’est pas considérée comme une intervention chirurgicale médicalement justifiée.
Césarienne planifiée ou d’urgence
Il y a de nombreuses raisons différentes de pratiquer une césarienne. Toutefois, la raison principale doit toujours être de protéger la santé du bébé et de la maman et d’éviter d’importantes séquelles médicales. Dans de rares cas, il se peut qu’un manque d’oxygène aigu dans l’utérus lors d’une naissance par voie basse puisse menacer la santé du bébé. Dans les cas les plus graves, l’enfant peut subir des lésions organiques au cerveau potentiellement mortelles ou présenter des retards de développement par la suite. L’accouchement peut également impliquer des complications chez la maman, qui doivent être traitées le plus rapidement possible.
Il y a autant d’expériences et de ressentis par les femmes concernées qu’il y a de raisons différentes qui justifient une césarienne. Chaque situation est unique et ne doit pas être comparée aux autres. En effet, chaque maman présente une sensibilité émotionnelle et un seuil de tolérance à la douleur différents. En tant que future maman, vous pensez souvent au bien-être de votre enfant avant le vôtre, c’est instinctif. Par conséquent, il est particulièrement important que vous soyez bien soutenue, préparée et que l’opération vous soit expliquée clairement avant un accouchement par césarienne.
Cependant, les césariennes ne sont pas toujours programmées. Lorsque la vie de la maman ou du bébé en danger, une intervention rapide de l’équipe d’obstétrique est indispensable. Dans de telles situations, la césarienne est généralement inévitable. C’est pourquoi il est conseillé aux futurs parents de se familiariser avec cette variante particulière de l’accouchement au cours de la grossesse. N’hésitez pas à demander conseil à votre gynécologue ou votre sage-femme et n’ayez pas peur de poser des questions. Les réponses devraient vous aider à comprendre la procédure et dissiper vos doutes.
Contexte historique : pourquoi « césarienne » ?
Vous vous êtes déjà sûrement demandé d’où vient le mot « césarienne ». Selon l’auteur romain Pline l’Ancien, le célèbre empereur romain Jules César serait le premier homme a être venu au monde par césarienne. Le mot césarienne est dérivé du latin « caesar », qui vient du verbe « caedere » : couper, inciser. Dès lors, le nom César signifierait « couper hors du ventre de la mère ».
Aujourd’hui encore, le terme médical « sectio caesarea » est encore utilisé pour désigner l’accouchement chirurgical. Ce terme a traversé les époques et survécu jusqu’à aujourd’hui. Puisque Jules César serait le premier à être né de la sorte, c’est également lui qui a porté ce nom en premier.
Accouchement par césarienne ou voie basse ?
Tout au long de la grossesse, vous serez suivis, vous et votre bébé, tous les mois par votre gynécologue et votre sage-femme pourra également vous soutenir et surveiller votre état de santé. Tous ces examens assurent la santé de la future maman et le développement naturel de l’enfant à naître. Toutefois, ces examens médicaux sont également d’une importance capitale pour planifier au mieux la naissance à venir du bébé et donc l’accouchement pour la maman. C’est tout particulièrement le cas au cours des dernières semaines d’aménorrhée, lorsque la date du terme approche à grands pas et que la naissance peut arriver à tout moment.
L’accouchement doit se dérouler le plus en douceur possible pour vous et votre bébé. Vous vous êtes préparée et avez appris des mesures efficaces lors de vos cours de préparation à l’accouchement pour gérer les douleurs de l’accouchement et préserver vos forces.
Toutefois, dans certaines conditions, une intervention (par ex. sous la forme d’une opération) s’avère nécessaire. Dans ce cadre, il faut différencier la nécessité absolue de la nécessité relative. Les nécessités absolues, également appelées indications absolues, rendent la césarienne indispensable. Tandis que la nécessité relative offre encore la possibilité au médecin et à la sage-femme d’accompagner l’enfant à travers une naissance naturelle.
Pour se décider en faveur ou contre une césarienne, l’équipe d’obstétrique pèse minutieusement les risques, les avantages et les inconvénients afin de pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause.
Se préparer à une césarienne
De manière générale, on distingue les césariennes primaires des césariennes secondaires. Une césarienne primaire (ou planifiée) vous offre l’opportunité de bien vous préparer en tant que parent, ce n’est malheureusement pas le cas d’une césarienne secondaire (ou d’urgence).
Lors d’une intervention planifiée, vous savez à l’avance que votre enfant viendra au monde à l’aide de cette opération. La décision est prise par le médecin qui vous suit et pour des raisons médicales.
Avant une césarienne primaire, vous recevrez un document à lire et signer qui explique en mots et en images le déroulement de l’intervention et les risques éventuels. Le langage utilisé est volontairement compréhensible, également pour les profanes en médecine. Toutefois, des termes médicaux se cachent malgré tout dans le document explicatif. Ensuite, l’équipe en charge de l’opération peut fixer la date à laquelle votre bébé viendra au monde et planifier votre césarienne dans le planning de l’hôpital.
Même si vous souhaitez mettre au monde votre bébé de façon naturelle, vous devriez tout de même vous familiariser avec ce qu’il y a à savoir au sujet des césariennes. En effet, il se peut qu’il soit nécessaire de pratiquer une césarienne non planifiée lors d’un accouchement naturel, et même une césarienne d’urgence dans des cas plus rares.
L’avantage d’une césarienne primaire est que vous pouvez poser toutes vos questions au préalable à votre médecin ou votre sage-femme. Cela permet de calmer vos inquiétudes avant la césarienne voire de les dissiper entièrement.
Marche à suivre après une césarienne
Le médecin traitant détermine combien de temps vous devez rester à l’hôpital après une césarienne en fonction de votre état de santé. L’adaptation de votre bébé au monde extérieur et son développement constituent également un critère décisif. En moyenne, les jeunes mamans restent trois à sept jours à l’hôpital après une césarienne.
Les coûts de la césarienne sont en partie pris en charge par la caisse-maladie. Si vous avez une assurance médicale privée, les montants peuvent varier. Nous vous invitons à vous renseigner auprès de votre caisse-maladie. L’assurance de base couvre le coût d’une césarienne médicalement nécessaire. En cas de césarienne désirée sans nécessité médicale, l’assurance maladie peut refuser de payer les frais supplémentaires par rapport à l’accouchement par voie basse.
Avant d’autoriser la sortie de la maman, les éléments suivants seront contrôlés : repositionnement de l’utérus et lochies, guérison de la cicatrice, ainsi que la poitrine et la production de lait chez les mamans qui allaitent. Le bon fonctionnement de la vessie est également essentiel, car elle peut encore être irritée à cause de l’épidurale. De même, la fréquence des selles doit être à nouveau normale et la pression artérielle ainsi que le pouls doivent être stables. Vous serez vous-même suivie et traitée par un gynécologue, qui communiquera étroitement avec le pédiatre de votre bébé.
En ce qui concerne votre bébé, le pédiatre effectuera des examens, appelés examens de prévention, à des dates prédéfinies. Les résultats sont marqués dans le carnet de santé de votre enfant. Dans ce cadre, les réflexes de votre enfant sont contrôlés, car ils constituent une condition requise pour un développement sain de l’enfant. En outre, les tétées et les excréments du nouveau-né sont surveillés. Garder l’enfant bien au chaud permet d’assurer une bonne évolution de son poids.
Le pédiatre surveille également la couleur de la peau du bébé. Une légère coloration jaunâtre lors des premiers jours constitue un symptôme courant d’une jaunisse chez le nouveau-né. Il s’agit d’un phénomène qui provient du foie encore immature. La bilirubine, un pigment orangé, est alors stockée dans les cellules de la peau Selon l’intensité, la diminution du taux de bilirubine dans le sang peut être soutenue par une luminothérapie UV dans des petits lits chauffants. Une fois que la valeur se situe à nouveau dans la moyenne, le bébé peut rentrer à la maison.
Préparer sa valise pour une césarienne
Les articles dont vous avez besoin pour votre séjour à l’hôpital après une césarienne sont un peu plus nombreux que pour une naissance par voie basse. Vous avez besoin de vêtements, pyjamas et articles de soin pour vous et votre bébé, sans oublier des vêtements adaptés pour le jour où vous sortirez de l’hôpital.
Après l’accouchement, vous allez peut-être transpirer plus que d’habitude à cause des changements hormonaux qui s’opèrent après la grossesse. De ce fait, prévoyez suffisamment de vêtements de rechange. Dans l’idéal, nous vous conseillons de mettre des chemises de nuit, car elles sont confortables et ne risquent pas de frotter la cicatrice. Il existe des chemises de nuit spéciales avec des boutons qui permettent de mettre votre enfant au sein confortablement à tout moment.
Puisque la cicatrice de l’opération est sensible et doit guérir correctement, il est conseillé d’emporter des sous-vêtements confortables et surtout respirants à l’hôpital. En outre, ils doivent pouvoir être lavés à 60° minimum. Pour les premiers jours, les culottes jetables sont idéales. Elles sont constituées d’un filet doux et peuvent être éliminées en toute simplicité après avoir été portées.
L’hôpital vous met à disposition des serviettes hygiéniques pour absorber les lochies. Pour le trajet retour, vous pouvez également prévoir des protections hygiéniques dans votre valise pour la maternité.
Le port d’un soutien-gorge d’allaitement est particulièrement important pour la montée de lait après la césarienne, car il permet de soulager la poitrine sensible. Un soutien-gorge d’allaitement doit être de préférence en coton et à la bonne taille, voire un peu trop grand. Ici aussi, vous aurez besoin de deux soutiens-gorges par jour, car pendant les premiers jours les montées de lait indésirées sont fréquentes. Cela permet la préparation du lait maternel en quantité suffisante. Afin d’absorber le surplus de lait indésirable, nous vous invitons à utiliser des coussinets d’allaitement jetables ou des coquillages à l’hôpital et des coussinets lavables une fois rentrée à la maison.
Pour vous déplacer dans l’hôpital, notamment pour les différents examens, vous aurez besoin d’un peignoir, de pantoufles et de chaussettes. Ici aussi, il faudra veiller à choisir la bonne taille.
Les articles de bain tels que les essuie-mains et les gants de toilette sont fournis dans la plupart des hôpitaux. Toutefois, les articles personnels tels que le shampoing, gel douche et surtout brosse à dents et dentifrice ne doivent pas manquer dans la trousse de toilette.
Pour le jour de la naissance, vous devez avoir un kit de soin pour votre bébé et des langes pour nouveau-né.
Déroulement et durée d’une césarienne planifiée
En Suisse, actuellement plus d’un enfant sur trois naît par césarienne, c’est pourquoi le déroulement de cette opération est standardisé. Après les entretiens préparatoires avec les médecins, vous êtes généralement admise à l’hôpital la veille de l’opération en stationnaire. La veille au soir, vous ne pouvez pas manger afin d’être à jeun pour l’opération. Dans le cas contraire, les restes de nourriture pourraient engendrer des complications dans le cadre de l’anesthésie.
Avant l’opération, une canule est placée dans votre veine et un cathéter dans votre vessie. Cela permet d’éviter de blesser la vessie pleine lors de l’incision. Ensuite, la zone du pubis et du ventre sont rasées.
Une fois que les étapes de préparation sont terminées, l’anesthésie peut commencer. De ce fait, les nerfs de la moelle épinière sont endormis à l’aide de la canule. Contrairement à l’anesthésie générale, l’avantage est que la substance utilisée pour l’anesthésie se retrouve uniquement dans le système circulatoire de la maman et pas dans celui du bébé.
Puisque la zone de l’opération est cachée par un drap, vous n’êtes pas en mesure de voir l’opération. Généralement, votre partenaire se trouve à vos côtés et peut vous soutenir émotionnellement. Tout comme vous, il est probablement submergé par une marée d’émotions en assistant à la venue au monde de son enfant. Sur demande, il est également parfois possible de suivre la naissance sur un écran.
Après avoir désinfecté la zone du ventre, l’opérateur effectue une incision d’environ 12 cm de long sur le bas du ventre afin que la cicatrice soit la plus discrète possible par la suite. Après avoir coupé toutes les couches de peau et de muscles, le médecin doit glisser un peu la vessie sur le côté, car elle se situe devant l’utérus. De cette manière, il peut ouvrir l’utérus à l’aide d’une incision minimale. Cette incision est étirée avec les doigts, jusqu’à être assez grande pour extraire le bébé par cette voie. L’étirement de l’incision de l’utérus à l’aide des doigts constitue la méthode douce de la césarienne qui permet d’avoir d’autres grossesses ultérieures sans problème.
Une fois que le bébé est sorti de l’utérus, le cordon ombilical peut être coupé. Il s’agit d’un moment émouvant pour la maman et le papa, qu’ils ont attendu avec impatience. Bien emmailloté, vous pouvez à présent prendre votre nouveau-né dans vos bras. Les parents voient leur enfant pour la première fois et peuvent apprendre à se connaître au calme. La vie de famille commence.
Pendant ce temps, l’opérateur enlève le placenta de l’utérus. Avec la délivrance du placenta par la dissolution de la muqueuse utérine, la période du post-partum commence pour vous. Pendant que vous admirez votre bébé et profitez des premiers moments passés ensemble, le médecin recoud minutieusement les plaies. Le matériel de suture moderne se dissout tout seul après quelques semaines.
Après le premier examen du bébé, vous serez tous les deux conduits dans le service de maternité. Ici, vous pouvez récupérer de l’opération et découvrir votre nouvelle vie de maman. Les sages-femmes et autres soignants sont là pour vous aider.
Votre vie de jeune maman
Pendant que vous recevez les premières visites de votre famille, le personnel de l’hôpital prend soin de vous. Une sage-femme vous rend visite quotidiennement et est disponible pour vous aider. Elle surveille vos lochies et contrôle vos plaies. Elle jette également un œil à votre poitrine et vous offre une aide professionnelle en cas de mises au sein ou montées de lait douloureuses. Un physiothérapeute vous fera faire de petits exercices de mobilité, afin d’éviter une phlébite. Cela signifie vous lever pour la première fois à l’hôpital avec de l’aide et marcher quelques pas pour aller aux toilettes par exemple. En outre, des petits mouvements des pieds et des mains permettent de stimuler le flux sanguin dans les veines. Le port de bas de compression contribue également à éviter les thromboses (obstructions veineuses). Avant de vous laisser rentrer à la maison, les médecins ou le personnel soignant vous expliqueront ce qu’il est conseillé de faire après votre sortie de l’hôpital.
Dès votre sortie de la maternité, une sage-femme vient à votre domicile pour surveiller votre état physique, émotionnel ainsi que la santé de votre bébé. Cette prestation est habituellement intégralement remboursée par les caisses-maladies, auprès de laquelle il vous est tout de même conseillé de vous renseigner. Les visites à domicile régulières permettent un suivi de l’allaitement, de la prise de poids de bébé ainsi que de la cicatrisation et des lochies. De cette façon, vous pouvez également recevoir de précieux conseils sur comment prendre soin de votre bébé et soigner correctement votre cicatrice. La sage-femme vous fera également faire des exercices pour stimuler la rétraction de l’utérus.
Vous pouvez poser toutes vos questions, même les plus personnelles, à votre sage-femme, par exemple pour savoir combien de temps vous aurez mal, quand est-ce que vous pourrez reprendre un bain et combien de temps attendre avant d’avoir à nouveau des rapports sexuels. Le début de l’allaitement peut être un peu retardé ou cahoteux après une césarienne. Pour cela aussi, votre sage-femme est à vos côtés pour vous épauler.
De manière générale, une césarienne ne devrait pas changer ou influencer fortement votre vie. Après une convalescence et une période de repos transitoire, vous pourrez à nouveau courir et faire du sport. Vos activités sportives doivent toutefois être adaptées à votre niveau d’entraînement et être plus douces pour la reprise. N’oubliez pas que votre plancher pelvien est affaibli et qu’il ne pourra être à nouveau renforcé qu’à partir du 3e mois qui suit l’accouchement à l’aide de la gymnastique périnatale dans un cabinet de sage-femme ou chez votre kiné.
Le port d’une ceinture abdominale peut constituer un support temporaire après une césarienne. Toutefois, la ceinture n’est pas médicalement justifiée et peut même s’avérer néfaste à long terme, car elle ne permet pas aux muscles de se reconstruire correctement, puisqu’ils sont trop soutenus.
Après un délai de six mois à un an, vous pouvez à nouveau tomber enceinte sans restriction et agrandir votre famille. Une naissance par voie basse est également possible après une césarienne.